À la veille de la journée internationale des droits des femmes, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) publie une étude intitulée « Regards sur les inégalités hommes-femmes : La Guadeloupe, un modèle de parité en politique » que nous partageons avec nos lecteurs.
En Guadeloupe, la représentativité des femmes parmi les élus est bien respectée au niveau local. Le modèle matrifocal antillais, qui place les femmes au centre de la structure familiale, semble gagner la vie publique. Ceci participe à l’amélioration de la représentation des femmes en politique. Ainsi, la féminisation des élus est plus élevée sur le territoire qu’au niveau national.
La parité dans les assemblées locales
Depuis la révision constitutionnelle du 8 juillet 1999, « la loi favorise l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives ». Il s’ensuit une série de lois imposant progressivement l’alternance stricte femme-homme dans la présentation des listes électorales locales, ainsi qu’une obligation de parité pour les exécutifs régionaux et municipaux.
Dans les conseils municipaux, la parité est quasiment atteinte. Aucune commune guadeloupéenne ne compte moins de 1 000 habitants, elles doivent donc toutes, d’après la loi, appliquer la parité au sein de leurs conseils municipaux. On compte 95 femmes pour 100 hommes dans les dits conseils. Les autres régions françaises affichent entre 82 et 92 conseillères pour 100 conseillers municipaux dans les communes de plus de 1 000 habitants.
Dans les six intercommunalités guadeloupéennes, où aucune loi n’impose de manière directe la parité, il y a 44 % de conseillères communautaires, ce qui est comparable aux autres DOM et bien supérieur au niveau national (31 %). La composition de ces assemblées reflète un ensemble de pratiquesqui favorisent les hommes, puisque les partis politiques présentent majoritairement des têtes de liste masculines aux élections municipales.
Pour les élections régionales et départementales, l’alternance stricte femme-homme s’applique également. Le conseil départemental de Guadeloupe comprend le même nombre d’hommes que de femmes : chaque canton élit exactement un homme et une femme. Le conseil régional, quant à lui, se compose de 21 hommes et 20 femmes.
Les femmes plus présentes dans les postes à responsabilité
Bien que la parité progresse dans toutes les assemblées, les inégalités homme-femme persistent là où aucune contrainte légale n’existe. Cette disparitése vérifie particulièrement dans l’attribution des rôles au niveau local : les postes à responsabilité restent souvent occupés par des hommes.
En Guadeloupe, huit des 32 maires sont des femmes. Malgré tout, la région reste la plus paritaire de France, devant le Centre-Val de Loire et l’Île-de-France qui comptent 20 % de femmes maires. En Guadeloupe, plus on s’approche de la fonction de maire, plus les fonctions sont occupées par des hommes. Il y a 28 % de femmes parmi les premiers adjoints et 48 % parmi les seconds adjoints, soit tout de même dix points de plus qu’au niveau national.
Au 1er mars 2019, deux des six intercommunalités sont présidées par des femmes, elles représentent également 30 % des vices-présidents. Cette situation reste plus paritaire que dans le reste de la France où seulement 8 % des intercommunalités sont dirigées par des femmes.
À l’échelle régionale, la parité est respectée au niveau de l’exécutif. Le conseil régional de Guadeloupe est présidé par un homme, tandis que le conseil départemental l’est par une femme. Les vice-présidences des deux conseils sont occupées pour moitié par des femmes.
Les femmes guadeloupéennes sont également bien représentées dans les chambres basse et haute du Parlement. Elles occupent la moitié des sièges guadeloupéens à l’Assemblée nationale et un des trois sièges au Sénat. Au niveau national, avec 39 % de députées et 32 % de sénatrices, la parité est encore loin d’être atteinte même si elle progresse.
Les femmes élues sont plus jeunes que leurs homologues masculins
En Guadeloupe, les femmes élues sont généralement plus jeunes que leurs homologues masculins. Elles représentent la majorité des élus municipaux de moins de 45 ans. C’est l’inverse pour les tranches d’âges supérieures. Partout en France, les femmes sont plus représentées chez les jeunes élus que chez les plus âgés. Néanmoins, en France métropolitaine, quel que soit l’âge, elles restent moins nombreuses que les hommes.
En moyenne les conseillères municipales ont 54 ans, soit 3 ans de moins que leurs homologues masculins dont la moyenne d’âge est de 57 ans.